Paludisme
Généralités
Le paludisme tue un enfant toutes les 30 secondes en Afrique et entre 1 et 3 millions de personnes par an, selon les estimations de l'OMS. Deux milliards d'individus, soit 40% de la population mondiale, sont exposés et on estime à 500 millions le nombre de cas cliniques survenant chaque année. Les moyens de lutte existants sont les médicaments antipaludiques (dont les plus connus sont la chloroquine ou la quinine) et la lutte contre les moustiques vecteurs du parasite Plasmodium. Mais la situation est d'autant plus préoccupante que depuis plusieurs années, les parasites développent de plus en plus de résistances aux médicaments, et que les moustiques développent des résistances aux insecticides. Aucun vaccin n'est aujourd'hui disponible.
Epidémologie
Le paludisme touche une centaine de pays dans le monde, particulièrement les zones tropicales défavorisées d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine (voir carte). L’Afrique est, de loin, le continent le plus touché avec 90% des cas de paludisme recensés dans ses zones tropicales. Des épidémies peuvent survenir lors de mouvements de populations peu exposées au paludisme vers des zones hautement endémiques.
L’Europe connaît des cas de paludisme dits d’importation. En France, en 2008, 4400 cas d'importation ont été rapportés.
Quatre espèces de parasites du genre Plasmodium sont responsables de la maladie chez l’homme :
- Plasmodium falciparum est l’espèce la plus pathogène et responsable des cas mortels. Elle est présente dans les zones tropicales d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie, et elle est dominante en Afrique.
- Plasmodium vivax co-existe avec P. falciparum dans de nombreuses parties du monde, et est présente dans certaines régions tempérées.
- Plasmodium ovale, principalement trouvée en Afrique de l’ouest, ne tue pas mais peut entraîner des rechutes 4 à 5 ans après la primo infection.
- Plasmodium malariae a une distribution mondiale mais très inégale. Elle n’est pas meurtrière mais peut entraîner des rechutes jusqu’à 20 ans après la primo infection.
Transmission
Le paludisme est transmis à l’homme par la piqûre d’un moustique femelle, du genre Anopheles, elle-même infectée après avoir piqué un homme impaludé : la femelle, en prenant le repas de sang nécessaire à sa ponte, injecte le parasite à son hôte. Les mâles ne piquent pas.
La transmission de Plasmodium d’un homme à un autre se fait donc par l’intermédiaire du moustique, le principal en cause étant Anopheles gambiae sur le continent africain (voir Les moustiques anophèles vecteurs du paludisme). Il existe un seul cas de contamination inter-humaine directe, lorsqu’une femme enceinte infectée contamine son enfant par voie transplacentaire.
Cycle du parasite Le cycle de Plasmodium est complexe et comporte deux étapes essentielles : une phase asexuée chez l’homme, et une phase sexuée chez le moustique.
L’anophèle femelle injecte à l’homme le parasite sous forme de "sporozoïte". Celui-ci migre rapidement, via la circulation sanguine, vers le foie. Il pénètre dans la cellule hépatique, où il se divise très activement pour donner naissance, en quelques jours, à des dizaines de milliers de nouveaux parasites : les "mérozoïtes". La cellule du foie éclate en libérant ces parasites dans le sang : là, ils pénètrent à l’intérieur des globules rouges et se multiplient. Lorsque ces derniers éclatent à leur tour, les mérozoïtes libérés dans la circulation sanguine infectent de nouveaux globules rouges (cycle érythrocytaire).
Après quelques cycles de réplication des mérozoïtes, des parasites sexués mâles et femelles (gamétocytes) sont formés à l’intérieur des globules rouges. Lorsqu’un moustique pique une personne infectée, il ingère ces gamétocytes, qui se transforment en gamètes. Leur fécondation engendre un zygote, qui se différencie en oocyste dans le tube digestif du moustique. Les oocystes produisent des sporozoïtes, qui migrent vers les les glandes salivaires du moustique. Un nouveau cycle peut alors commencer.
Les rechutes tardives de paludisme observées lors d’infections par P.vivax et P. ovale sont dues à la possibilité pour ces espèces de subsister sous une forme latente ("hypnozoïte") dans la cellule hépatique de l’homme.
Symptômes Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses.
Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, qui peut s’accompagner - ou non - de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux.
Des cycles typiques alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, peuvent alors survenir : c’est " l’accès palustre". La périodicité de ces cycles dépend de l’espèce de parasite en cause, et coïncide avec la multiplication des parasites et l’éclatement des globules rouges, qui conduit également à l’anémie.
Le paludisme à P. falciparum peut être fatal s’il n’est pas traité. Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent bloquer les vaisseaux sanguins irriguant le cerveau : c’est le neuropaludisme, souvent mortel. Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, les personnes sont tellement souvent infectées qu’elles finissent par être naturellement immunisées (" immunité acquise ") et tolèrent le parasite, généralement après de nombreuses années d’infection chronique. Elles sont alors des porteurs asymptomatiques du parasite.
Prévention et traitements
Plusieurs molécules anti-paludiques qui peuvent être utilisées en prophylaxie (prévention lors d’un voyage en zone endémique) ou en thérapeutique. Les plus connues sont la chloroquine ou la quinine. D’autres, comme la méfloquine, sont utilisées dans les régions où vivent des parasites résistants à la chloroquine.
Il est dangereux de partir en zone de transmission intense de paludisme sans prise régulière d’un traitement préventif, en particulier pour les enfants et les femmes enceintes qui ont un risque accru d’accès grave. Le traitement préventif doit être prescrit par un médecin. Il tient compte des zones visitées (risque, existence ou non de résistance), de la durée du voyage et aussi de la personne : l’âge, les antécédents pathologiques, une intolérance aux antipaludiques, une possible interaction médicamenteuse, une grossesse.
Mais les médicaments anti-paludiques ne garantissent pas une protection absolue contre l’infection et il est aussi important de se protéger des piqûres de moustiques (moustiquaires, produits anti-moustiques).
Aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale et, même si un traitement adapté a été bien pris, il est possible de faire une crise de paludisme, parfois d’apparition tardive. Les premiers symptômes sont souvent peu alarmants mais le paludisme peut être mortel si son traitement est retardé.
Aussi, en cas : de fièvre même légère, de nausées, de maux de tête, de courbatures ou de fatigue au cours du séjour ou dans les mois qui suivent le retour, un médecin doit être consulté en urgence. La prise d’un échantillon de sang est nécessaire pour confirmer le diagnostic. Toute fièvre au retour des tropiques doit être considérée a priori comme un paludisme jusqu’à preuve du contraire.
Recherche d'un vaccin
Une des difficultés majeures dans la mise au point d’un vaccin contre Plasmodium est, qu’au cours de sa vie, le parasite passe successivement par plusieurs stades avec des phases d’intense multiplication asexuée chez l’homme (dans les cellules du foie - phase hépatique - puis dans les globules rouges du sang - phase érythrocytaire -) et une phase de reproduction sexuée suivie de multiplication, chez l’insecte.
Chaque stade se termine par la libération d’un parasite d’une forme différente, donc porteur d’antigènes différents et induisant des réponses immunitaires différentes, ce qui complique d’autant la recherche d’un vaccin.