Suivi et évaluation des interventions coordonnées contre la FL, les géohelminthiases, l’onchocercose et le paludisme dans des zones où la loase est endémique : identification des sites sentinelles et collecte des données de base
Contexte et justification
La lutte contre la FL a été un succès dans la plupart des pays où cette maladie est endémique. Après six ans de traitements de masse avec la combinaison ivermectine et albendazole, il a été possible d’éliminer la maladie dans certains foyers. Cependant, dans les foyers où la loase est endémique, il n’est pas recommandé d’utiliser les traitements conventionnels (ivermectine et albendazole) du fait du risque de survenue d’effets secondaires graves potentiellement mortels, entravant ainsi l’élimination de la FL. L’effet de l’albendazole seule sur les parasites responsables de la FL ainsi que celle des Moustiquaires Imprégnées à Longue Durée d’Action (MILDA) sur ses vecteurs apparaissent comme une source d’espoir dans le processus d’élimination totale de cette infection. Par ailleurs, l’albendazole est efficace sur les géohelminthiases et les moustiques ciblés par les MILDA sont également les vecteurs du paludisme.
Illustration 1: Mécanisme d’intégration de la chimiothérapie preventive (PC) et de la lutte antivectorielle (VC) des programmes de lutte contre le paludisme, la FL, et les helminthiases intestinales
Objectifs
Identifier les sites sentinelles et y collecter les données de base pour l’évaluation de l’impact des interventions intégrées (traitement biannuel à l’albendazole couplé à la distribution de la MILDA) sur la prévalence et la transmission de la FL, des géohelminthiases, du paludisme et de la loase.
Illustration 2: Zone d’étude (Région de l’Est, Cameroun); chaque couleur représente une unite d’évaluation (©CRFilMT)
Principaux résultats
La prévalence de la loase a été de 17% dans la Région de l’Est, bien que les intensités parasitaires soient globalement faibles. Les géohelminthiases et le paludisme sont fortement endémiques dans les sites investigués, alors que l’onchocercose y est hypoendémique. Le test diagnostic rapide Wb123/Ov16 biplex a révélé que 1.6% de participants ont été exposés à la FL. Contre toute attente, le test immunochromatographique (ICT) n’a révélé aucun individu hébergeantles antigènes de Wuchereria bancrofti (principal agent causal de la FL). Ceci a été d’autant plus surprenant que la zone d’étude est endémique à la loase pour laquelle des réactions croisées ont été récemment décrites avec le test ICT.
Illustration 3: Signes cliniques de la FL (Hydrocèle et lymphœdème du member inférieur) (Crédit photo: Nana Djeunga/CRFilMT)
Etat d’avancement du projet et Perspectives
La phase de collecte de données de base est actuellement achevée. Grâce à l’initiative du Ministère de la Santé Publique et de ses partenaires, les traitements de masse biannuels à l’albendazole ont été initiés dans cette Région, et les MILDA sont en cours de distribution. Les activités de suivi et évaluation coordonnées doivent être entreprises dans cette Région.
Financements
Ce projet de recherche a été conjointement financé par la Fondation Bill et Melinda Gates à travers le projet “Filling the Gaps – Operational Research to Ensure the Success of the Neglected Tropical Disease Control and Elimination Programs” de Task Force for Global Health; par l’Agence Américaine pour le Développement International (United States Agency for International Development, USAID) dans le cadre du projet ENVISION [Agrément N° AID-OAA-A-11-00048], managé par l’ONGD Helen Keller International (HKI); le Département du Développement International du Royaume Uni (United Kingdom Department for Intenational Development, DFID) à travers le Liverpool School of Tropical Medicine (LSTM); et le Programme Africain de lutte contre l’onchocercose (APOC) à travers le Ministère de la Santé Publique du Cameroun.
Equipe de recherche / Coordination
Ce projet de recherche a été conduit par l’équipe du CRFilMT, et coordonné par Hugues Clotaire NANA DJEUNGA (Parasitologiste), Jules Brice TCHATCHUENG MBOUGUA (Biostatisticien) et Joseph KAMGNO (Epidémiologiste).