Schistosomiases
Généralités
- La schistosomiase est une maladie chronique provoquée par des vers parasites.
- On estime que, dans le monde, 700 millions de personnes risquent d’être infectées du fait de leurs activités agricoles, domestiques ou de leurs loisirs qui les exposent à des eaux infestées.
- Plus de 207 millions de personnes sont infectées dans le monde, la plupart vivant dans des communautés démunies qui n’ont pas accès à de l’eau de boisson salubre et à un assainissement suffisant.
- L’hygiène et les jeux des enfants les rendent particulièrement vulnérables et, dans de nombreuses régions, une grande proportion des enfants d’âge scolaire sont infectés.
Définition
La schistosomiase est une parasitose chronique provoquée par des vers (trématodes) du genre Schistosoma.
Transmission
L’infection se produit lorsque les larves du parasite, libérées par des gastéropodes d’eau douce, pénètrent dans la peau d’une personne lorsqu’elle est en contact avec une eau infestée.
Dans l’organisme, les larves se développent et passent au stade du schistosome adulte. Ces parasites vivent dans les vaisseaux sanguins, dans lesquels les femelles pondent leurs œufs. Certains des œufs sortent de l’organisme par les matières fécales ou l’urine et le cycle de vie parasitaire se poursuit. D’autres sont piégés dans les tissus de l’organisme, provoquant une réaction immunitaire et des lésions évolutives dans les organes.
Épidémiologie
La zone de prévalence de la schistosomiase se situe dans les régions tropicales et subtropicales, notamment dans les communautés démunies qui n’ont pas accès à une eau de boisson salubre et à un assainissement satisfaisant. Sur les 207 millions de personnes ayant une schistosomiase, 85% vivent en Afrique.
Symptômes
Ils sont causés par la réaction de l’organisme aux œufs, pas par le parasite en lui-même.
La schistosomiase intestinale peut provoquer des douleurs abdominales, de la diarrhée et l’apparition de sang dans les selles. L’hépatomégalie est courante dans les cas avancés et s’associe fréquemment à une accumulation de liquide dans la cavité péritonéale et à une hypertension dans les vaisseaux sanguins de l’abdomen. Dans ce cas, il arrive d’observer aussi une splénomégalie.
L’hématurie (sang dans les urines) est le signe classique de la schistosomiase urogénitale. On observe couramment une fibrose de la vessie et de l’urètre, ainsi que des lésions rénales dans les cas avancés. Le cancer de la vessie est aussi une complication possible à un stade tardif. La femme peut présenter des lésions génitales, des saignements du vagin, des douleurs pendant les rapports sexuels et des nodules dans la vulve. Chez l’homme, la schistosomiase urogénitale peut provoquer une pathologie des vésicules séminales, de la prostate et d’autres organes. La maladie peut avoir des conséquences irréversibles à long terme, comme la stérilité.
La schistosomiase a des répercussions économiques et sanitaires considérables. Chez l’enfant, elle peut causer une anémie, un retard de croissance, une diminution des capacités d’apprentissage mais, avec le traitement, ces effets sont en général réversibles. Dans sa forme chronique, elle peut nuire à la capacité d’un adulte de travailler et, dans certains cas, entraîner le décès. En Afrique subsaharienne, elle provoque plus de 200 000 décès par an.
Diagnostic
Il est posé par la détection des œufs dans les selles ou les urines.
Pour la schistosomiase urinaire, une technique de filtration avec des filtres en nylon, papier ou polycarbonate est la norme. Les enfants porteurs de S. haematobium ont presque toujours une micro-hématurie détectable au moyen de bandelettes réactives. On peut également demander aux enfants s’ils ont des antécédents de sang dans leurs urines pour identifier les communautés exposées à un risque élevé d’infection, ce qui aidera à cartographier les zones prioritaires d’intervention.
En cas de schistosomiase intestinale, on met en évidence les œufs dans les échantillons de matières fécales au moyen de feuilles de cellophane enduites de glycérine colorée au bleu de méthylène et de lames de verre.
Pour les personnes venant de zones exemptes de l’endémie ou de faible transmission, les techniques sérologiques et immunologiques peuvent s’avérer utiles pour détecter l’infection.
Prévention et lutte
Elles reposent sur le traitement préventif, la lutte contre les gastéropodes, l’amélioration de l’assainissement et l’éducation sanitaire.
L’OMS axe sa stratégie de lutte sur la réduction de la morbidité au moyen de traitements réguliers et ciblés au praziquantel, ce qui implique de traiter périodiquement toutes les personnes appartenant aux groupes exposés au risque de schistosomiase.
Les groupes ciblés sont les suivants:
- les enfants d’âge scolaire dans les zones d’endémie;
- les adultes exposés au risque dans les zones d’endémie, par exemple les femmes enceintes et celles qui allaitent, les personnes ayant des activités impliquant un contact avec des eaux infestées, comme les pêcheurs, les agriculteurs, ceux qui font des travaux d’irrigation, et les femmes, amenées par leurs tâches domestiques à être en contact avec des eaux infestées;
- l’ensemble de la population des communautés en zone d’endémie.
La fréquence du traitement est déterminée par la prévalence de l’infection ou de l’hématurie visible (dans le cas de la schistosomiase urogénitale) chez les enfants d’âge scolaire. Dans les zones de forte transmission, les traitements devront avoir lieu tous les ans pendant plusieurs années.
L’objectif est de réduire la morbidité: les traitements réguliers des populations exposées guérissent les symptômes bénins et évitent aux sujets infectés de développer la maladie jusqu’à un stade chronique, tardif et sévère. L’accès au praziquantel constitue néanmoins une limitation majeure. Selon les données disponibles, moins de 10% des personnes ayant besoin du traitement en bénéficient.
Le praziquantel est le seul médicament disponible contre toutes les formes de schistosomiase. Il est efficace, sûr et ne coûte pas cher. Même si des réinfections sont possibles après le traitement, le risque de développer une forme grave est diminué, voire annulé lorsque le traitement est initié dans l’enfance.